Sur Telegram, un groupe d’extrême droite soupçonné de préparer des actions violentes


Plus de 7 000 abonnés, des propos racistes, des symboles néonazis et des projets de ratonnades ou d’attaques contre des musulmans : le compte Twitter anonyme Tajmaât, qui se présente comme une « plate-forme collaborative pour les Maghrébins », a publié dimanche 2 avril une longue série de messages révélant l’existence de FRdeter, un groupe de discussion sur la plate-forme Telegram rassemblant des sympathisants d’extrême droite, qui évoquent pour certains des projets d’attentats. Arborant un logo mêlant une croix celtique et une fleur de lys, FRDeter (pour « Français déterminés ») avait aussi créé des canaux de discussions locaux, par département.

« Qui de disponible le 13 avril à Lille contre la rupture du jeûne du ramadan ? », demande ainsi un participant aux discussions, sur les captures d’écran publiées par Tajmaât. D’autres messages évoquent une liste de cibles potentielles : personnalités d’origine maghrébine, élus de gauche, journalistes. Un document qui semble être une version actualisée d’un texte déjà diffusé en 2021 par le site d’extrême droite Fdesouche, comme le rappelle Libération.

Plusieurs personnalités figurant sur cette liste ont annoncé avoir porté plainte ou vouloir le faire. La maire de Lille, Martine Aubry, a affirmé avoir fait un signalement à la préfecture. Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a pour sa part demandé à la messagerie Telegram de fermer des boucles de discussion utilisées par FRDeter ; M. Darmanin a par ailleurs demandé « aux services de travailler aux suites judiciaires à donner, en lien avec l’autorité judiciaire ».

Les différents groupes liés à FRDeter avaient toutefois déjà été fermés par leurs administrateurs, dimanche, peu après la publication des messages de Tajmaât. Selon une source policière citée par l’Agence France-Presse (AFP), « certains profils étaient déjà connus des services de renseignement » et ces groupes étaient sous surveillance depuis la fin de 2022.

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La participation de militaires et de policiers soupçonnée

Tajmaât affirme que parmi les utilisateurs de ces canaux se trouvent plusieurs policiers – police municipale et nationale – ainsi que des militaires. Parmi les profils, « certains se prévalent de la qualité de militaires ou de fonctionnaires de police, mais cela reste à démontrer car beaucoup de ces comptes n’ont pas encore été identifiés », a précisé à l’AFP la source policière.

Dans un message audio diffusé ces derniers jours sur Telegram, un homme se présentant comme le cofondateur du groupe Telegram assure ne pas être d’extrême droite et que « le problème, c’est qu’avec les petits cons qui jouent les SS dans le chat, on passe pour des putains de nazis ». Il dit s’attendre à être interpellé dans les prochains jours et condamné, dénonçant une « justice de gauche ».

« Toute la lumière doit être faite au plus vite par Gérald Darmanin et [le ministre des armées] Sébastien Lecornu sur la participation suspectée de policiers et de militaires à l’organisation de ces boucles Telegram », demande La France insoumise (LFI) dans un communiqué publié lundi et dénonçant les « appels au meurtre » publiés sur le canal Telegram.

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Le Monde



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